Les armes au XVIIe siècle




Les armes à feu


On distingue en gros trois systèmes de mise à feu : la platine à mèche, la platine à rouet et la platine à silex. La plus ancienne, la platine à mèche, est constituée d’un serpentin, qui tient la mèche allumée, qui va se rabattre dans le bassinet pour allumer la poudre de l’amorce lorsque l’arquebusier actionne un levier. Un couvre bassinet permet de protéger la poudre, et d’éviter les tirs accidentels, mais il doit être manœuvré à la main.

Les platines à mèches


Pendant la plus grande partie du règne de Louis XIV, l’infanterie française utilise une arme à feu ancienne, le mousquet. La platine ou mécanisme de ce dernier fonctionne à l’aide d’une mèche, qui doit être allumée puis fixée dans une petite griffe appelée serpentin. La cadence de tir du mousquet est faible (un coup toutes les deux minutes).
Une variante en est la platine à bouton. Le serpentin se rabat brusquement sur le bassinet, actionné par un ressort,  lorsque qu’on appuie sur un bouton de la platine. Il faut ensuite « réarmer » le serpentin à la main.
L’arquebusier plaçait préalablement dans la pince du serpentin le bout de sa mèche allumée, en prenant soin d’en régler la longueur, pour que le contact de la mèche allumée et de la poudre d’amorce se fît très-exactement. C’est ce qu’on appelait compasser la mèche ; puis il soufflait dessus pour activer la combustion ; enfin, il découvrait le bassinet. Après quoi, il épaulait, ajustait et tirait en toute tranquillité.
 

Pendant les opérations de rechargement, les mousquetaires sont protégés par les piquiers.
Les premiers mousquets apparaissent dans les troupes espagnoles au XVIe siècle. Ils tirent des balles de gros calibre capables de percer les cuirasses et les armures. Ils sont également utilisés lors des sièges. Il s'agit alors d'armes lourdes pouvant peser jusqu'à 6 ou 7 kg. Leur manipulation nécessite donc l'emploi d'une " fourchette " d'appui, encore présente sur les modèles du début du XVIIe siècle .


Arquebusiers

Au cours du XVIIe siècle, le mousquet est progressivement allégé, comme le montre cet exemplaire dont le poids est limité à 4 kg. Les manuels d'exercice de l'infanterie des années 1690 montrent d'ailleurs les soldats faisant feu sans la fourchette .



 Tir à l'arquebuse



En dépit de cet allègement, le mousquet est peu apprécié des troupes. La mèche est en effet peu commode à manipuler et source d'accidents (elle provoque l'inflammation de la poudre transportée par les soldats ou présente sur leurs armes). Il reste cependant en usage jusqu'en 1699 car il est peu coûteux et facile à réparer. Il est ensuite remplacé par le fusil.

Tir au mousquet


Le mousquet reste l’arme de base pour l’infanterie durant tout le XVIIe siècle. Il s’agit d’une arme d’épaule se chargeant par le canon, avec un système à mèche. Si la balle peut être envoyée à 250 mètres, le tir n’est efficace que jusqu’à 80 mètres. La cadence de tir n’est que d’un coup par minute, avec un taux de ratés proche de 50 %. Le chargement est dangereux, et il arrive que le mousquetaire se fasse sauter en manipulant la mèche allumée en présence de poudre.


 Les platines à silex


Ces deux modèles de platines vont rester en service pendant près de deux siècles, principalement sur les armes militaires, compte tenu de leur extrême simplicité et robustesse. La platine à rouet apparaît très tôt, contrairement  à une idée reçue, tout au début du XVIème siècle. Son principe est assez semblable à celui de nos briquets à pierre : une roue striée tourne sur elle même lorsque l’on appuie sur la détente, tandis qu’un chien tient entre ses mâchoire un morceau de pyrite et l’appuie fortement sur la roue : il en résulte une gerbe d’étincelles, qui allume a poudre du bassinet. Dans la plupart des modèles le bassinet s’ouvre automatiquement pendant la rotation du rouet.

 Platine à rouet 

Rouet 

Ce modèle de platine est toutefois fort compliqué : après chaque tir, il faut remonter le ressort actionnant la roue à l’aide d’une clé spéciale, une chaînette assez fragile relie le ressort à la roue, et le tir est loin d’être instantané. Ces platines seront produites jusqu’au XVIIème siècle, mais leur complexité, leur coût et leur relative fiabilité les feront écarter des utilisations militaires, au profit du troisième modèle, la platine à silex.

Platine a silex de Charleville 

Celle-ci est mentionnée dans les textes à partir du milieu du XVIème siècle. Le principe en est extrêmement simple : le chien tient dans ses mâchoires un morceau de silex. Lorsque on le ramène en arrière, on arme un puissant ressort qui lui permet d’abattre son silex violemment sur la batterie lorsque on actionne la détente. Le silex en frottant sur la batterie arrache des morceaux de métal portés au rouge, qui enflamment la poudre du bassinet. Les premiers modèles de platines à silex ont une batterie et un couvre bassinet séparés : il s’agit de platines dites à chenapan.


La platine à silex française sera inventée par Marin de Bourgeoys en 1610, et elle ne sera finalement plus guère modifiée jusqu’au début du XIXe siècle… La première arme réglementaire de l’armée française, le fusil 1717.

Une impressionnante série d’expériences est menée de 1668 à 1691 sur les mousquets et les fusils, pour trouver l’arme idéale. Il faut dire aussi que le fusil coûte alors 14 livres alors que le mousquet ne revient qu’à 9 livres, et qu’il s’agit de fabriquer pas moins de 300.000 fusils pour l’armée la plus importante d’Europe. Par ailleurs, l’industrie métallurgique de la France est insuffisamment développée pour répondre à une telle demande, et il faut apprendre aux soldats à manier cette arme nouvelle.
Ce n’est qu’en 1699, peu avant la guerre de Succession d’Espagne, qu’une ordonnance de Louis XIV élimine complètement le mousquet au profit du fusil. Le retard dans l’équipement ne traduit pas donc pas une hostilité vis-à-vis de la nouveauté mais un souci de ne changer d’armement que pour une arme sûre.

Les platines à Silex





Les pistolets


Le pistolet n’était autre chose qu’un mousquet de petit calibre, et très-court, afin qu’on pût le tirer à bras tendu. Il fut tout d’abord adopté en Allemagne, où il devint l’arme de cavaliers, désignés sous le nom de reîtres.
Les reîtres inaugurèrent, grâce au pistolet, une manière toute nouvelle de combattre. Au lieu de charger en haie, comme les Français, c’est-à-dire sur une seule ligne, avec un intervalle de cinq pas entre chaque homme, les reîtres se massaient en escadrons de quinze ou vingt rangs de profondeur. Chaque rang s’ébranlait l’un après l’autre. Arrivé à portée, le premier rang tirait ; puis, démasquant le second rang, par un mouvement rapide, à droite ou à gauche, il allait se reformer, au galop, à la queue de l’escadron, où chaque cavalier rechargeait son arme. Les autres rangs exécutaient, chacun à son tour, la même manœuvre : c’est ce qu’on appelait, le limaçon ou le caracol.

Pendant tout le XVIIe siècle et même une partie du XVIIIe les Allemands se servirent, pour le mousquet et le pistolet, des platines à rouet. Ils s’ingéniaient à les perfectionner. Tous leurs efforts tendirent à diminuer le volume des pièces composant le mécanisme, et à les faire rentrer le plus possible dans l’intérieur du corps de la platine. À l’origine, en effet, l’appareil était entièrement extérieur, comme dans les armes à mèche.







Les armes blanches


Les piques


La pique est au XVIIe siècle la compagne du mousquet. D’une longueur d’environ 4,5 mètres, surmontée d’une pointe en fer et cerclée de bandes de métal sur 1 mètre à partir de la pointe (pour éviter qu’elle ne soit tranchée d’un coup d’épée), elle sert surtout d’arme défensive contre la cavalerie. La lenteur du chargement du mousquet rend souvent nécessaire la présence de piquiers, lesquels permettent aux mousquetaires d’aller se réfugier derrière leurs rangs, sans quoi ils se trouvaient taillés en pièces par la cavalerie.
Lorsque le fusil gagne de l’importance, la pique perd son efficacité. Plus maniable, il rend moins nécessaires la protection de piquiers. Mais surtout, la baïonnette, introduite vers 1640, ne cesse de se perfectionner. Au début simple lame de couteau grossière (et fixée dans le canon, empêchant tout tir), elle est remplacée par une lame fixée à une douille autour, et non pas à l’intérieur, du canon du fusil. Cette innovation de Vauban (dont le rôle ne se cantonnait pas aux fortifications) permet au soldat de recharger son arme tout en laissant en place la baïonnette. La baïonnette revient également moins cher que l’épée (24 sols contre 50 sols) ou que la pique (40 à 50 sols). La baïonnette à douille se généralise à partir de 1692, avec une ordonnance du roi.



Les piques perdent ainsi du terrain, même si elles gardent des partisans comme d’Artagnan, et chez les soldats, les piquiers recevant une plus haute paye que les mousquetaires et fusiliers… Les manuels du début du XVIIe siècle recommandent trois piques pour deux mousquets. Une ordonnance de 1650 requiert une pique pour deux mousquets. Dans les années 1670, le rapport tombe à une pique pour trois mousquets et fusils. En 1690, dans les troupes réglées d’infanterie, on compte 8,4 % de piquiers, 15,5 % de fusiliers et 76,1 % de mousquetaires. En 1703, les piques ont disparu.



L'escrime


C'est au XVe siècle que sont édités les premiers traités d'escrime, mot d'origine allemande (schirmen " protéger "), encore que, dans les romans de la Table ronde, on donne au " joueur d'épée " le nom d'" escrimisseor " ou d'" escrimisseur ". En fait, l'escrime moderne est née en Espagne et, plus précisément, à Tolède, ville célèbre pour ses manufactures d'armes. Mais c'est grâce aux écrits des maîtres italiens, tels Marozzo, Agrippa et Giganti, au XVIe siècle et au début du XVIIe, qu'elle acquiert sa forme actuelle. Les Français (Saint-Didier, Thibaust), à leur tour, en codifient les règles, allégeant considérablement le poids des armes, et c'est en 1653 que le maître d'armes Besnard imagine le fleuret, arme d'estoc - de pointe -, inoffensive et légère.

Les premiers traités d’escrime voient le jour et abordent le combat avec toutes sortes d’armes, de l’épée à la hache, en passant par les lourdes masses.
Le duel judiciaire fait son apparition. On règle ainsi de façon expéditive, les différents juridiques : les deux parties s’affrontent en public dans un champ clos après que le plaignant ait jeté un gant de façon rituelle. Cette pratique fut abandonnée avec le renforcement du pouvoir royal.
Il semble que l’escrime moderne ait eu son point de départ en Espagne au XVIe siècle qui voit l’apparition dans la ville de Tolède de « l’espada ropera » : une arme plus légère que l’on porte avec ses vêtements (en espagnol « ropa ») par opposition à l’épée que l’on porte avec une armure. Elle deviendra la rapière : une arme vite adoptée dans toute l’Europe.
Sous Louis XIV, l'art de l'escrime fait partie de l'éducation. L'école française peut alors rivaliser avec l'école italienne, et les assauts livrés en public permettent aux tireurs de montrer tout leur savoir. Une courtoisie extrême est de rigueur. Pour éviter tout accident, les pointes des fleurets sont mouchetées et, vers la fin du XVIIIe siècle, le port du masque en treillis, inventé par La Boessière père, devient obligatoire dans les salles et en assauts. La Boessière fils complétera l'œuvre de codification, et aux quatre positions élaborées par Agrippa - la prime, la seconde, la tierce, la quarte - il ajoutera la quinte et la sixte. Les maîtres Jean-Louis, Lhomandie, La Faugère, Gonard, Grisier et Cordelois contribueront aussi à l'essor de l'escrime sportive, qui, à partir de 1880, comprend, outre le fleuret, l'épée et le sabre sous leur forme actuelle.

Les maîtres italiens développent le combat avec une épée et une dague servant tant à la défense qu’à l’attaque de près. Ce sont eux qui publient les premiers traités théoriques.

Après les campagnes d’Italie, les Français se passionnent pour la Renaissance italienne. Les écoles d’armes Italiennes sont fleurissantes et la technique des maîtres Italiens est enseignée à la noblesse française et européenne. L’école française nait officiellement quand Charles IX autorise « les maîtres joueurs et escrimeurs d’espées » à se réunir en communautés.

Les privilèges obtenus furent confirmés par Henri III, Henri IV, Louis XIII et même étendus sous Louis XIV. Mais, à contrario de cette fiction, avec le développement des États modernes, les armées rassemblent de plus en plus de combattants, issus des rangs de la roture. Ces derniers, en temps de guerre, sortent de l’ordre social traditionnel. Ils s’accoutument à la violence et au maniement de l’épée. La paix revenue, ils courent le plat pays. Ces soldats démobilisés sont dangereux, redoutés et redoutables, notamment en raison de l’inaptitude des sociétés civiles contemporaines à les réintégrer en leur sein, en temps de chômage. Effrayées par la soldatesque, les populations de la Renaissance, qui par ailleurs ont accès à des armes fabriquées en masse, moins onéreuses que dans la période précédente, prennent l’habitude de porter l’épée. Dans le même ordre d’idée, il ne faut pas s’étonner des comportements violents qui touchent toutes les strates de la société. De nombreux textes démontrent par ailleurs que les roturiers adoptent une pratique commune de l’escrime, souvent avec des armes moins onéreuses, et moins sophistiquées (bâtons, fauchon...). La technique de cette escrime roturière peut etre différente de celle de la rapière, les armes elles-mêmes étant différentes, et l'apprentissage des nouvelles techniques de rapière, gardé parfois comme un « secret », onéreux pour qui voulait l'apprendre ( la plupart des traités que nous connaissons maintenant n'étaient diffusés qu'au sein d'une clientèle, souvent mécène, qui avait payé pour le faire éditer, nous dirions maintenant « à compte d'auteur ») ; Pour les autres moins fortunés, il leur restait le loisir d'apprendre une escrime moins onéreuse, et moins novatrice, basée sur une technique plus ancienne, ou qui se transmettait de manière orale...

Au XVIIe siècle, le fleuret apparaît en Italie. C’est une arme inoffensive plus courte que la rapière avec une lame de section rectangulaire terminée par un bouton comme une fleur. Il permet de simuler un duel sans risque de blessure. Cette époque se caractérise par une pratique plus élégante, codifiée, avec les saluts et révérences, les belles armes sont à l’honneur. Mais c’est aussi le temps de sanglants duels qui, malgré les interdits royaux, vont perdurer jusqu’à la révolution et décimer une partie de la noblesse. Cependant au XVIIIe siècle les maîtres d’armes Français développent des techniques propres au fleuret, notamment avec la parade – riposte en deux temps qui se démarque de la tradition italienne. L’escrime est alors un jeu subtil, avec des codes stricts, qu’on ne vient plus apprendre dans la seule intention de combattre « sur le pré ».



Trois principaux styles ou "écoles" d'escrime

 

Style espagnol

Le style espagnol est un système complexe faisant appel à tout un ensemble de connaissances. Géométrie, mathématiques et métaphysique concourent à définir une chorégraphie précise que l'escrimeur doit adopter, selon le « cercle mystérieux ». Ce cercle est basé sur un pentagramme orné d'un complexe maillage de courbes, lignes et ellipses.

C'est en 1569 que Hieronimo de Caranca jette les bases théoriques de ce style, par son traité « De la philosophia de las armas ». En 1623, Girard Thibault d'Anvers publie en France son « Académie de l'épée, ou se démontrent par règles mathématiques, sur le fondement d'un cercle mystérieux, la théorie et pratique des vrais et jusqu'a présent inconnus secrets du maniement des armes, à pied et à cheval ».

Le principe clé du style espagnol est nommé « zone de mort » : c'est l'espace permettant à l'adversaire de porter une attaque en une seule passe. Quiconque laisse un adversaire pénétrer dans cette zone est en grave danger.


Style français

C'est le style le plus répandu. Il se pratique sans main gauche, avec une grande retenue et une grande élégance, de façon très formelle. On pourrait qualifier ce style de traditionnel, puisque depuis il s'est imposé comme style de référence de l'escrime.


Style italien

Le style italien est relativement semblable au style français, mais plus vigoureux et plus athlétique, un peu plus brutal également. On y porte volontiers des coups de poings en sus des parades et des esquives.


La rapière

L’épée rapière (le terme dérive de l’espagnol « espada ropera ») semble s’être imposée avec le développement dans les duels d’une escrime de pointe. Afin de montrer en quoi cette épée civile diffère considérablement de l’épée médiévale et des épées de guerre des générations précédentes, quelques considérations techniques s’imposent. Une épée, fondamentalement, est toujours composée de quatre éléments principaux : le pommeau, la poignée, la garde et la lame. Les formes mêmes de la rapière sont en adéquation avec son usage. L’arme se singularise de l’épée de la période précédente par l’ajout d’anneaux et de quillons de parade ou de contre-garde formés de brins. Leurs formes élaborées enrobent la main dans un réseau d’acier afin d’éviter à l’escrimeur d’avoir à enfiler un gantelet de fer. Au-delà de l’évolution fonctionnelle, qui empêche de plus en plus la pointe de l’adversaire d’atteindre la main, le double concept de prise et de défense demeure. Destinée à frapper de façon privilégiée en pointe, la lame de la nouvelle épée civile peut atteindre un mètre quinze ou plus. À deux tranchants et encore assez large au début du XVIe siècle où elle pèse entre 1,2 kg et 1,5 kg, elle devient extrêmement effilée au milieu du XVIIe siècle et ne pèse plus que 900 g environ. Non seulement sa légèreté la rend plus rapide mais la main, étant protégée par les quillons élaborés, le duelliste peut s’affranchir du port de protections métalliques, l’allégeant et le rendant plus rapide. Dès lors, les techniques et les principes privilégiés se modifient peu à peu pour s'adapter à cette nouvelle arme et à ses spécificités différentes.


Au cours du XVIème siècle, elle est l'épée de prédilection, capable de frapper aussi bien de taille que d'estoc (pointe). L'évolution de la technique militaire vers l'escrime de duel  va amener deux transformations majeures de cette arme ; Comme la rapière est une arme de longue distance, il faut se munir de nouvelles armes lorsque l'on est à une distance ou la rapière est inutile : d'une part, la multiplication des quillons pointus et recourbés, qui peuvent servir de « pince » ou de marteau , sa garde s'étoffant pour mieux protèger la main; d'autre part sa lame s'affine et s'allonge pour garder l'adversaire à distance.
 La rapière n'est que rarement utilisée seule. Elle est accompagnée dans la main gauche d'un petit bouclier, du manteau ou plus tard de la dague. La rapière sert à frapper, l'arme dans la main gauche à se garantir des coups de l'adversaire, eventuellement à frapper en distance proche. L’escrimeur peut aussi utiliser une cape jetée sur le bras gauche pour se protéger. Ruses et bottes de toutes sortes sont permises, et la lame de l’adversaire peut être bloquée et détournée d’un simple mouvement de la main gauche.


La naissance d’une technique de l’épée en art noble (sous-entendu, « revendiqué par la noblesse comme symbole de son état », car un combat réel n'est jamais ni « noble » ni « propre » dans les faits) résulte d’un processus complexe qui modifie les formes, la finalité et la signification du combat. De nombreux facteurs contribuent à transformer l’objet même (l’épée) et ses usages : évolution des qualités de l’acier, transfert d’une pratique militaire à un emploi civil et, pour finir, invention des codes et conventions qui fondent une véritable culture de l’épée. L’école italienne d’escrime possède une pensée rationnelle et rapide, de l’habilité et une certaine dose de théâtralité. La rationalité implique des mouvements naturels et demande courage, précision et légèreté. C’est pourquoi les enseignements de l’école d’escrime italienne se sont rapidement propagés dans toute l’Europe. L’ouvrage intitulé Grand simulacrum dellarate a dell uso delle scherma, publié en 1610 par le maître d’armes Capo Ferro à Sienne en Italie constitue le premier livre de référence de l’école italienne « de la rapière ». Comme bien d'autres traités qui suivront il met l'accent principal sur l'étude des règles précises qui régissent tous les gestes de l’escrimeur en exploitant de façon optimale l’équilibre du corps et qui coordonnent de façon précise les mouvements des jambes et du tronc, avec en point d'orgue, l'apparition formalisée de la fente... L'escrime "géométrique" devient escrime "biomécanique".


Le nouvel « art de tuer », au XVIe et aux débuts du XVIIe siècle, répond aux exigences de la culture de cour en train de s’affirmer : jouer de la rapière oblige en effet à marier, au moins dans l'entrainement, en salle, recherche de l'efficacité et l’élégance. L’escrime adoptée par la noblesse de cour comme une culture justement distinctive ne cesse d’affirmer son statut de science. Les élites s’approprient le savoir-faire étranger pour préserver la fiction selon laquelle le second ordre (la noblesse) se définit par son excellence aux arts martiaux. Le but est de se démarquer du tiers état.  ( source : site " au guerrier rêveur " )

La main gauche :



L'épée de cour

Au début du XVIIème siècle apparait une arme spécifiquement destinée à l'entrainement : le Fleuret. Cette arme à la lame (relativement) souple, à la pointe neutralisée par une mouche, permet l'étude systématique de l'art de l'escrime de pointe, seule désormais valable sur le pré. Elle est une révolution car permet aux escrimeurs de se tester "pour du vrai", alors qu'avant cet apprentissage se faisait souvent au moyen d'exercices prédéterminés avec plus ou moins de retenue, pour éviter de se blesser à l'entrainement.
D'autre part, les transformations militaires vont se multiplier : Développement d'une artillerie puissante  et  débuts du fusil à baillonette dans la deuxième moitié XVIIe ( cette arme connaitra de multiples évolutions, mais globalement le concept est inventé à cette époque : une arme composite, maniable qui sert à la fois d'arme de distance, et aussi d'arme de mélée) ; Du coup, l'épée longue pour les soldats n'est plus utile car le fusil à baillonnette remplace avantageusement le mousquet et la pique des régiments de mousquetaires / piquiers (Tercios suisse par exemple)... l'arme blanche est toujours prête à servir, même lorsque l'on tire.
L'apparition du masque, vers 1750, permettra de se livrer sans retenue lors des assauts en salle.


A l'aide de ces instruments (masque et fleuret), les Maitres d'Armes n'auront de cesse de rechercher "Le" coup parfait, la botte imparable. Cette recherche se poursuivra jusqu'au début du XXème siècle, ajoutant de nouveaux coups, recherchant de nouvelles théories plus efficaces, mais figeant aussi les recherches dans un contexte normé, celui de la salle d'arme, avec son necessaire éloignement de la réalité du terrain (le sol inégal, la pluie qui fait glisser, etc...); l'épéiste se battra contre un autre épéiste, et non plus contre un hallebardier ou un piquier...Sa pédagogie évolue, elle est enseignée dans les académies, qui vont devenir le modèle dominant de diffusion de sa technique...

L'épée ne sert plus alors que pour le duel ou les rixes privées... De fait, le rôle qu'on lui attribue va évoluer : d'un rôle purement pragmatique (tuer ou endommager), elle va devenir peu à peu, avec le développement de la notion d'académisme, un art d'agrément, dans lequel le paraître et la manière deviendra aussi, sinon plus, importante que le réel résultat, du moins en France : « Bien faire des armes » est aussi important que « faire des armes »; comme elle n'est plus « vitale » en combat, les étudiants ne vont étudier que ce qui leur est le plus agréable, et facile... les maîtres d'armes vont adapter cette pédagogie en ne donnant à travailler que ce qui "plaît" et permet de tirer en peu de temps, baser leurs exercices sur un système de "sensations" et de "passions"loin des systèmes mathématiques complexes du siècle précédent;

Dans le même temps, la société devenant plus policée (si, si, déjà !), l'occasion de tirer l'épée va en diminuant; On règle plus ses différents au tribunal plutot que sur le pré ou dans une sombre ruelle; Le port de l'épée devenant plus une mode réservée à la noblesse car les roturiers en sont interdits, elle est portée au côté, toujours, mais ne doit pas être génante dans la vie de tous les jours (de nos jours, lorsque l'on veut se défendre on achète un bombe lacrymogene que l'on met dans la poche, et pas un fusil d'assaut !); De fait elle va tendre à se raccourcir, perdre du poids, et de fait devenir plus maniable; sa technique va donc se modifier, il va falloir « parer » au plus pressé, en privilégiant un jeu de pointe ou la parade se fait avec le fort de l'épée, pour riposter par la suite (parade-riposte en deux temps, alors qu'avec une arme plus lourde on cherche la parade-riposte en un seul temps ou l'attaque dans l'attaque, pour s'économiser);
Peu à peu, tous les maîtres et prévots d'armes vont adopter le même système, avec les mêmes armes, la petite épée de cour, dont nos armes sportives actuelles sont les lointaines survivantes... ( source : site " au guerrier rêveur " )





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